Ayé, je sais pourquoi j’aime pas la peinture.
Ceux qui me connaissent depuis plusieurs années vont se récrier : c’est pas la découverte du siècle ! Au départ, c’est ma môman à moi que j’ai qui m’en a dégoûtée. Explication : ma môman, c’est comme les mogwaïs. Vous vous souvenez, Gizmo, toussa ? Ces petites bestioles absolument adorables qu’il ne faut jamais nourrir après minuit, sinon elles se transforment en méchants gremlins ? Ben ma p’tite môman, c’est pareil : elle a l’air gentille comme ça, mais il ne faut JAMAIS lui laisser des pinceaux et de la peinture à portée de main. Sinon, elle se met à barbouiller, tout et n’importe quoi : toile, feuille de papier, tissu, mur, porte, plafond
Elle part dans son monde à elle, en oublie parfois de manger. Et si vous avez la malchance de tomber au milieu de l’une de ses phases barbouilleuses, elle vous saute dessus, pinceaux en avant : « Alors, comment tu trouves ? ». « Euh
» (tentative de réponse intelligente - ou diplomate, c’est selon - de la fille, qui se sent quand même un peu piégée). « Ben là, on se rend pas bien compte, c’est pas fini
» (léger affolement - vite, vite, sortir de cette pièce
). « Oui, mais t’as bien une idée quand même ? Et ce fond, là, t’en penses quoi ? C’est bien, hein ? T’as vu, j’ai fait comme ci et comme ça
». Bon j’arrête là, parce qu’en général c’est justement à ce moment-là que je déconnecte l’ensemble de mes fonctions auditives, et que, résignée, j’attends que ça se passe.
Vous m’excusez deux secondes, pour un petit message personnel ? M’man, si tu me lis
ils sont très biens tes barbouillages. T’es la reine des mômans barbouilleuses. Ouala, c’est dit.
Donc, j’aime pas la peinture. Mais d’un autre côté, j’y connais pas grand-chose non plus Alors, consciente de mes lacunes, j’essaie de me cultiver autant que possible. Ce qui inclut des visites d’expos et le visionnage de documentaires à la tévé.
Or, dimanche dernier, France 2 proposait une très chouette émission : l’Exposition Impossible. Un titre pareil ne pouvait que m’appâter, alors j’ai enregistré (ben oui, le dimanche après-midi, on a mieux à faire que rester enfermé à regarder le poste, fô pas pousser non plus !).
Concept de base : des tableaux habituellement exposés dans des musées différents (le Louvre, Beaubourg, Orsay) étaient réunis dans l’une des salles du Louvre. Guillaume Durand et ses éminents invités nous faisaient visiter cette expo exceptionnelle et éphémère (le temps du tournage et hop ! fini). Il y avait du Léonard (de Vinci, je suppose, ils ont pas précisé), du David, du Courbet, du Picasso, du Basquiat, du Warhol, et j’en passe.
J’ai visionné l’enregistrement ce soir. Mouais. Mis à part quelques interventions de Jean Réno et d’Eric Cantona, j’ai rien compris ! Les autres invités, à une ou deux exceptions près, ont fait du "culturel à la tévé" : des phrases creuses et non informatives, incompréhensibles pour le péquin de base. Ils se coupaient la parole, parlaient en même temps... Guillaume Durand menait le jeu, avec des phrases si compliquées que souvent il avait oublié le début avant même d'être arrivé à la fin... En deux mots : très chiant. Réno et Cantona ont peu parlé, mais eux ils ont parlé avec leurs tripes, en termes simples, genre : « j’aime ce tableau, je ressens une émotion en le regardant, et ça s’explique pas ». J’ai aussi adoré une réaction de Basquiat face à l’intellectualisme des "amateurs d’art". Images d'archives, séquence émotion. A un journaliste qui insistait lourdement pour lui faire avouer le concept sous-jacent à la juxtaposition de deux éléments dans son tableau, le gars a répondu : « ils sont là, et puis c’est tout ! ». Mouarf !!
C’est quand même dommage qu’une émission qui a exigé des moyens exorbitants pour être réalisée rien qu’en assurances pour le transport des tableaux, ça a coûté plusieurs milliards d’euros ! ait aussi peu atteint son but : donner « l’envie aux gens de se précipiter dans les musées ». Dans l'ensemble, c'était absolument pas pédagogique, sauf 3 séquences expliquant la composition d’un tableau particulier mais si courtes hélas ! Aucun fil conducteur, les tableaux présentés sans aucun détail sur les différentes époques, contextes politiques et autres. Valait mieux connaître un peu avant de venir, sinon c'était noyage assuré. La plupart des interviews étaient en fait des discussions entre "amateurs" qui ne visaient aucunement à apporter des informations aux spectateurs. Et la cerise sur le gâteau pour clore l'émission : plusieurs minutes consacrées à poser des questions politiques au Ministre de la Culture ! C’est pas qu’on s’en fiche, des intermittents du spectacle, mais j’aimerais bien qu’on m’explique le rapport avec une exposition de peintures
Cette émission n'aura tout de même pas été inutile. Elle m'a prouvé que ce que je n'aimais pas, c'était les gens qui gravitent dans le monde de l'art. Ceux qui tentent de vous faire croire qu'ils vous sont culturellement supérieurs parce qu'ils utilisent un langage et tiennent des discours auxquels vous ne comprenez rien. Ceux qui sont persuadés que pour être un véritable "amateur d'arts", il faut prendre une oeuvre, la disséquer, l'analyser, la conceptualiser. Désolée, les gars, mais moi, ce qui m'intéresse dans un tableau, c'est l'émotion qu'il me fait ressentir. Ca doit venir des tripes, pas du cerveau. Conclusion : dès demain, je fonce à la FNAC acheter un bouquin qui m’aidera à regarder les tableaux pour mieux les apprécier. Et peut-être qu’un jour, j’arriverais à aimer la peinture malgré les gens qui soi-disant s’y connaissent
Je crois que tu mens ! le bouquin, tu l'as déjà !
Sinon et plus sérieusement, effectivement, je suis en plein accord avec toi quant au fait que l'Art se ressent et ne s'explique pas...
Sinon, pourquoi ne t'inscris tu pas dans une école d'art (cours du soir,...) ou d'Histoire de l'Art,...
Enfin ce que j'en dis, moi...
Rédigé par : Cityzen | 06 mai 2004 à 15:14
Ouais t'as raison, j'ai que ca a faire ...
Rédigé par : leb | 07 mai 2004 à 18:03