Il était une fois, il y a très très longtemps, un jeune Dalmate, fils d’un esclave affranchi. Soldat dans les légions de Rome, il était tellement brave et courageux qu’à l’âge de 39 ans, il devient Empereur
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Elle est jolie cette histoire, non ? Et en plus, elle est vraie ! Le Dalmate en question s’appelait Caius Aurelius Valerius Diocles Diocletianus (c’est lui !), et il est né vers 245 de notre ère du côté de Salone, à l’époque capitale de la Dalmatie.
Tout ceci pour vous parler de ma visite d’une ville absolument incroyable : Split.
Avant de commencer, je vous arrête tout de suite : à Split, je n’ai pas vu de banane. C’est en Croatie, pas en Côte d’Ivoire ! Et d'abord, vous savez pourquoi la ville s’appelle Split ? En fait, ce nom est le résultat de toute une série de déformations. Split pour les Croates, Spalato pour les Italiens, qui ont adapté ça du l’ancien nom latin Spalatum qui devait probablement venir du nom grec Aspalathos, qui voudrait dire "genêt". Il paraît que quand les premiers Grecs ont découvert cet endroit, la côte était recouverte de ces plantes jaunes. Mébon, c'est sûr que "genêt à split", ça le fait moins bien que "banane à split"...
Mais revenons à nos moutons. Split, donc, c’est la ville natale de Goran Ivanisevic. Pour ceux que, comme moi, le tennis laisse indifférents, on dira que Split est aujourd’hui la capitale économique et administrative de la Dalmatie. Mais ce qui rend cette ville vraiment unique, c’est qu’elle a été construite en plein milieu du palais de l’empereur Dioclétien
Reprenons l’histoire : Dioclétien devient Empereur en novembre 284. Dès décembre 285, il partage le pouvoir avec un vieux pote à lui, Maximien. Pas fou, il refourgue à son pote la partie occidentale de l’Empire, histoire qu’il se débrouille avec les Germains, les Ibères et les Gaulois (hé hé hé). Et lui, il se garde la partie orientale de l’Empire, son fief à lui, là où qu'il est né. Ensuite, Dioclétien a fait plein de réformes, et a martyrisé plein de chrétiens, la routine d’un Empereur romain, quoi. On va pas trop entrer dans les détails, ceux que ça intéresse et qui veulent en savoir plus peuvent aller voir là.
Quelque temps après avoir été nommé Empereur, le gars Dioclétien se dit que ce serait pas idiot de prévoir sa retraite et d’assurer ses vieux jours. Comme quoi il était optimiste, vu que quasiment aucun empereur romain n’est mort de vieillesse
Il décide donc de se faire bâtir un palais pas très loin de l’endroit où il a grandi, et choisit le site de Spalatum, à dix bornes de chez lui. Dix ans plus tard (un record, vu la taille de l’édifice), c’était fait, et Dioclétien s’installait dans son home sweet home.
Survolons rapidement les 17 siècles suivants, si vous voulez bien. Bien évidemment, Split, comme toutes les villes côtières croates, a été envahie un nombre incalculable de fois : Slaves, Vénitiens, Ottomans, Français (Napoléon avait l’air de bien aimer le coin !), Autrichiens,
Au Moyen Age, les habitants, qui commençaient à en avoir marre de résister encore et toujours à l'envahisseur, se sont réfugiés à l’intérieur du vieux palais, et y ont édifié une véritable ville, avec maisons, commerces, églises et tout le toutim. Aujourd’hui encore, les Splitois vivent à l’intérieur du palais de Dioclétien, et les vestiges romains côtoient des constructions de toutes les époques
Résultat : tout se mélange : restes des constructions romaines datant du IVème siècle ; églises romanes des XIIème et XIIIème siècles, palais gothiques du XVème ou de la Renaissance, maisons du XXème
Il y a même des Sphinx datant de l’Egypte ancienne ! Ce qui fait qu’aujourd’hui, ce site unique qu'est le centre historique de Split est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
La visite commence par la Porta Aenae, qui donnait autrefois directement sur la mer (aujourd’hui, elle donne sur une promenade - la Riva - et le port de plaisance). Cette porte permet d’accéder aux sous-sols du Palais, qui servaient autrefois de débarras et de décharge à ordures Les salles n’ont été déblayées de tous les immondices et gravats qui les obstruaient complètement qu’il y a une cinquantaine d’années environ Du coup, elles sont super bien conservées !
La visite de la ville se poursuit avec le Peristil, plus ou moins la place principale du vieux Split. C’est là que donnaient les appartements de Dioclétien, et il y venait souvent saluer la foule. Aujourd’hui, c’est surtout le point de rencontre des touristes : on y voit des spectacles de rues, chanteurs, mimes J’y ai même vu un ange !
Du Peristil on peut accéder à la cathédrale Sveti Dujam (in French : Saint Domnius). Il s’agit très certainement de la plus petite cathédrale du monde ! En fait au départ, ce monument était le mausolée de Dioclétien (on y voit encore dans les frises son visage ainsi que celui de sa femme, Prisca). Au VIIème siècle, les Chrétiens ont récupéré les lieux et les ont transformé en église (belle revanche contre l’oppresseur, non ?). Plus tard, on y a ajouté un chur et un clocher, mais
ça reste encore bien plus petit qu’une de nos églises de campagne ! A noter que s’il n’a fallu que dix ans à Dioclétien pour faire construire son palais, on a mis plus de trois siècles pour ériger ce clocher
Ben oui, on n'arrive plus à trouver de bons ouvriers de nos jours, tout se perd, ma bonne dame !
De l’autre côté du Peristil, une ruelle conduit au Baptistère : un ancien temple de Jupiter reconverti. C’est là qu’on trouve la rue la plus étroite de Split. J’ai oublié son nom, car nous, on l’avait rebaptisé la rue Ote-toi-de-mon-chemin-que-je-passe. Elle ne fait qu’une dizaine de mètres de long, mais c’est heureux car, vraiment, deux personnes ne peuvent pas s’y croiser. En cas de pluie, on ne peut même pas garder le parapluie ouvert !
Que vous dire d’autre sur Split ? Ah oui ! A l’une des quatre sorties du Palais (la Porta Aurea, la Porte nord, pour les puristes), on tombe sur une statue gigantesque : celle de l’évêque Grgur Ninski (oui, bon, ok : Grégoire de Nin). Elle date du début du XXème siècle, et déjà une belle légende l’entoure. Les badauds qui viennent voir ce bon vieux Grégoire doivent faire un vu. Mais attention : pas quelque chose de matériel, ni un truc genre retour d’affection, non ! Un vu d’ordre spirituel
Ensuite, le badaud suppliant doit caresser le gros orteil de Grégoire
et son vu se réalisera !
Ca ne vous rappelle pas une autre légende que je vous avais racontée fin mai ? Un certain Victor Bref, le pied de Grégoire est maintenant tout bien poli, alors que le reste de sa statue est plutôt noir comme Victor d'ailleurs, pour ceux qui suivent (oui, je sais, je sors).
Avant que vous ne me posiez la question : oui STL et moi on a fait chacune un voeu, oui on a amoureusement caressé le pied de Grégoire, non je ne vous dirais pas quel voeu j'ai fait (mais c'était un voeu très spirituel, croyez-moi). Et peut-être que je vous le dirais s'il se réalise.
Vu la longueur de ce post, vous devez vous dire que j’ai apprécié Split Ben je confirme ! C’est une ville vraiment à part, la seule où je suis retournée trois fois au cours d’une même journée, au lieu de faire les excursions dans l’arrière-pays proposées le même jour. Une ville incroyable, d’une richesse historique, architecturale, culturelle inouïe. En un mot : J’ADORE Split ! Et tant pis pour les bananes. De toutes façons, je préfère les profiteroles...
A suivre
Une oursonne qui aime les profiteroles... on aura tout vu! =)
PS: moi, mon péché gourmand c'est les tartes au citron, mais ça on s'en fout...
Rédigé par : boule | 20 septembre 2004 à 19:08
le liégeois, encore et toujours. Oui on s'en fout, et alors?
Rédigé par : huggy les bons tuyaux | 20 septembre 2004 à 21:46